Après notre balade sur la Meuse, nous décidâmes d’aller voir la statue de Bayard et des quatre fils Aymon et d’admirer le panorama.
L’ascension permet d’apprécier la flore locale.
C’est très joli, beaucoup de bruyères blanches (Calluna vulgaris) forment des coussins ici et là, au pied des bouleaux verruqueux à la belle écorce blanche (Betula pendula).
On y retrouve beaucoup de fougères aussi.
Nous empruntons un escalier de bois et nous arrivons sur la platelle des quatre fils Aymon, là où se trouvait la forteresse de Château-Regnault. Aujourd’hui, ce grand plateau permet d’accueillir le Aymon Folk Festival chaque année en juillet.
Il suffit de lever le nez pour apercevoir le monument. Il faut encore monter quelques marches pour accéder au belvédère.
J’admire encore quelques plantes indigènes comme ces campanules qui poussent carrément sur les rochers parmi la mousse et les fougères. De l’origan (Origanum vulgare) aussi très apprécié des insectes butineurs. Du lierre et bien d’autres plantes …
Et nous y voilà ! Aucun doute, elle en impose … C’est l’une des représentations matérielles de cette terre de légendes, le symbole ardennais du courage, de la liberté et du refus de se soumettre.
Le panorama est superbe. En contrebas, on peut admirer la vue sur la commune de Bogny-sur-Meuse traversée par un méandre de la Meuse ainsi que l’immense zone forestière du massif ardennais.
Senecio jacobaeaTrifolium arvense
Au moment de redescendre, un autochtone a souhaité se présenter …
A peu près au milieu du chemin est installé une petite plate-forme que l’on appelle le théâtre et qui permet d’accueillir des animations contes en pleine nature. Héloïse fût très inspirée et s’est mise à danser …
Après une journée bien remplie, il est temps de terminer notre descente …
C’était un dimanche. Il faisait beau, il faisait chaud et nous avions prévu une sortie en famille.
Direction Monthermé dans les méandres de la Meuse, au cœur du massif de l’Ardenne, pour une balade au fil de l’eau.
Arrivés sur le quai Aristide Briand, nous embarquons sur le bateau ‘Le Roc’.
Quelques cygnes nous accueillent. Absolument pas farouches, ils sont sans doute habitués à côtoyer les touristes.
De l’autre côté de la rive, on peut voir l’école élémentaire de Monthermé et son ancien clocher.
Sur le bateau, une dame nous raconte un peu l’histoire des lieux. Selon ses dires, le bâtiment aurait servi de prison pendant la guerre.
Les amarres détachées, le bateau s’éloigne du quai et entame sa croisière sur les eaux calmes du fleuve.
Au loin, on peut observer le pont ferroviaire qui dessert la gare de Monthermé.
Nous passons devant cette curiosité géologique à hauteur de la commune de Bogny-sur-Meuse. Ces quatre pics rocheux évoquent, selon la légende, le passage des quatre fils Aymon.
La légende tire son origine des chansons de gestes que racontaient les trouvères et troubadours. Elle raconte l’histoire de quatre frères et d’un cheval magique.
Renaud, Allard, Guichard et Richard sont les quatre fils du comte Aymon de Dordogne, vassal de Charlemagne. Afin de devenir chevaliers, ils se rendent à la cour de l’Empereur pour être adoubés. Mais Renaud tue Bertolei, neveu de l’empereur, lors d’une querelle pendant une partie d’échec. Les frères sont contraints de fuir en chevauchant leur cheval fée Bayard qui file comme le vent et franchi rivières et vallées d’un seul bond. En représailles, Charlemagne assiège leur forteresse de Montessor, bâtie sur un rocher dominant la Meuse, où ils s’étaient réfugiés. Parvenus à s’échapper vers le sud, ils sont accueillis par le roi Yon. Les années passent et après s’être distingués par leur courage, les frères deviennent seigneurs de Montauban. Mais l’empereur les retrouve et sa colère ne s’apaise qu’avec le sacrifice du cheval Bayard, précipité dans la Meuse. Mais celui-ci parvient à se sauver et on dit qu’il hante la forêt d’Ardenne. Il exige aussi que Renaud, contraint de se soumettre, renonce aux métiers des armes et consacre sa vie à Dieu. De retour d’un pèlerinage à Jérusalem, il participe à la construction de la cathédrale de Cologne pendant laquelle il est assassiné. Il sera sanctifié après sa mort.
Plusieurs barques sont échouées ici ou là.
On arrive au niveau de la statue d’Albert Poncin, représentant le cheval Bayard et les quatre fils Aymon. Erigée sur ce nid d’aigle en 1933, les travaux ont mis au jour quelques trouvailles : pièces de monnaie, épées, pointes de flèches, vaisselle, …
C’est à cet emplacement que se dressait la forteresse de Château-Regnault dont il ne reste presque rien. Ce serait aussi là que se dressait, selon la légende, la forteresse de Montessor.
Nous arrivons à hauteur du barrage de Bogny-sur-Meuse où le bateau fait demi-tour.
En face de la statue de Bayard, on aperçoit le chevalier Dardennor, l’une des œuvres d’Eric Sléziak. Dommage qu’elle soit si peu visible d’ici bas, il va falloir que j’aille la voir de plus près une autre fois.
Longeant la Meuse entre Charleville-Mézières et Givet (des projets d’extensions sont en cours), la voie verte trans-ardennes est aménagée sur l’ancien chemin de halage. De quoi faire de belles balades au fil de l’eau …
Empierrement
L’église Saint-Léger est l’une des trois églises bâties sur la commune. Construite au XIIe siècle puis fortifiée au cours des siècles suivants pour servir de refuge aux habitants pendant les périodes de pillages.
Eglise Saint-LégerFamille de Bernache du Canada
Retour sur le quai de Monthermé. Sur la rive, on aperçoit la girouette de l’ange Gabriel indiquant la direction du vent. Elle est accrochée à une cheminée conique en métal installée sur un pilier en pierre. Cette cheminée est le vestige d’une ancienne brasserie, témoin de l’histoire locale.
Notre visite du château de Sedan s’est terminée par un tournoi de chevalerie. Nous avions eu plusieurs fois l’occasion de parcourir les couloirs sombres du château en compagnie des fantômes qui l’habitent mais c’est la première fois que nous assistons au spectacle.
Je ne vous conterai pas l’aventure qui s’est déroulé ici-bas, il faudra aller voir la troupe slovaque Normani pour cela … 😉 Sachez que c’était sympa et drôle, les décors et les costumes étaient superbes … Nous avons passé un bon moment, sous un beau soleil.
Je vous laisse avec les quelques photos qui ont immortalisé ces instants chevaleresques :
Joute de l’anneau : le chevalier doit enfiler sa lance dans des anneaux de divers tailles.Quintaine (aussi appelée joute du sarrasin) : au galop, le chevalier doit frapper l’écu (cercle de bois) avec sa lance.Lancer de javelot
Juste avant la joute, les enfants devaient accrocher un ruban sur la lance de leur chevalier préféré …
Joute équestreLe chevalier préféré d’Antonin … le prince rouge bien sûr !
Merci gente dame et preux chevaliers !
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La troupe sera dans la lice jusqu’au 24 août 2016.
Le spectacle dure 1h et a lieu tous les jours à 15h sauf le jeudi.
Suivez-moi, je vous emmène au cœur de la plus grande forteresse médiévale d’Europe : le château de Sedan dans les Ardennes. Après plusieurs campagnes de restaurations, le château retrouve sa grandeur d’antan …
Situé entre le Saint Empire romain germanique et le royaume de France, ces terres étaient d’une grande importance géographique. Zone tampon, elles constituaient l’espace idéal pour un seigneur en quête de souveraineté : Evrard de La Marck (1365-1440) fut celui-ci. Ce caractère stratégique est renforcé par la position de Sedan sur la Meuse, voie commerciale très fréquentée à l’époque.
Le château primitif, construit sur un éperon rocheux à partir de 1424, connu plusieurs agrandissements et travaux de fortifications : aménagement de la basse-cour (1455-1470), grosse tour d’artillerie et épaississement des murailles (1490-1553), ajout de quatre bastions (1553-1573) ; chaque évolution venant compléter l’ensemble préexistant.
Plus d’une dizaine de seigneurs et princes vont, tour à tour, écrire l’histoire de Sedan et de son château.
Nous pénétrons dans la basse-cour. Comment dire … On se sent tout petit hum !
Nous nous dirigeons vers la haute cour du château primitif (partie la plus ancienne) avant de pénétrer à l’intérieur et de suivre le sens de la visite.
Ruines de la chapelle Saint-Martin, point de départ … le château primitif étant construit autour.Façade du pavillon renaissance à gauche
Nous descendons un escalier avant de pousser une lourde grille métallique et d’entrer dans une partie souterraine regroupant les salles au jeu de paume. Ces salles furent construites dans la seconde moitié du XVe siècle.
Avant elles, se trouvaient ici les fossés qui bordaient le château primitif. En période de paix, ceux-ci, asséchés et curés, servaient de terrain de jeu de paume aux soldats.
Nous ressortons et arrivons sur le rempart sud où sont placés trois lourds canons qui ne sont pas d’origine.
Nous continuons à avancer le long de la grande muraille du château primitif. Je me retourne pour une petite photo afin d’admirer la grosse tour au premier plan. Elle est en fait constituée de deux tours imbriquées l’une dans l’autre. La tour d’angle du château primitif ayant été agrandie pour former la Grosse tour.
Nous parvenons au niveau de la première terrasse du bastion des Dames. Il est nommé ainsi en hommage aux demoiselles d’honneur de Françoise de Bourbon qui venaient s’y promener quotidiennement.
Fenêtre en forme de voûte
A l’angle du bastion se trouve une échauguette. A l’origine, seize tourelles de ce type étaient placées au niveau des bastions et le long de certaines terrasses. Elles tirent leur nom de l’expression « guetter l’écho ». Elles permettaient aux gardes de scruter l’horizon et d’anticiper les approches ennemies.
Nous empruntons un escalier pour accéder à la terrasse supérieure du bastion des Dames.
La vue nous permet d’apprécier les tours jumelles qui jadis marquaient l’entrée du château primitif.
Le bastion des Dames cache d’autres parties du château, bien plus anciennes : la tour d’artillerie et le petit châtelet.
C’est ici que Robert II de La Marck avait fait construire une imposante tour d’artillerie munie de nombreuses galeries. Depuis cette tour, les soldats pouvaient défendre le château sans risquer d’être blessés.
Cinquante ans avant la tour d’artillerie, Evrard de La Marck aménage l’entrée du château primitif. Il fait construire devant celle-ci un petit châtelet composé d’une imposante muraille et de deux petites tours rondes depuis lesquelles les soldats protégeaient l’entrée des attaques ennemies.
Un passage nous conduit devant les tours jumelles.
Autrefois surmontées de toitures aux chapeaux pointus, les tours jumelles disposaient également de hourds (chemin de ronde en encorbellement), une herse en fermait l’entrée et un assommoir (trou permettant de lâcher de grosses pierres sur les assaillants).
Assommoir
Nous entrons et empruntons un escalier pour accéder à plusieurs salles. L’accès à la première, la salle des gardes, se fait grâce à un escalier tournant dans le sens des aiguilles d’une montre. Il s’agissait d’une technique de défense passive : en montant, les soldats ennemis manquaient à la fois de visibilité et de place pour manier leur épée. Il devaient alors saisir leur épée de la main gauche avec laquelle ils manquaient d’habileté. De là vient l’expression « Passez l’arme à gauche » .
Nous continuons la visite et arrivons dans la salle des veilleurs située au troisième niveau des tours jumelles. Sa position élevée permettait une surveillance efficace des environs.
Les soldats, qui n’étaient pas de garde, bénéficiaient d’un maigre confort grâce à cette cheminée, l’une des rares à leur disposition. Ils pouvaient ainsi se réchauffer, faire tiédir l’eau pour leur toilette, ou encore cuisiner.
Tandis que les seigneurs résidaient dans les parties les plus confortables du château, les soldats, en poste de garde ou de défense, vivaient dans des endroits souvent froids et humides. Il se relayaient en quarts et dormaient à même le sol sur une couverture ou une paillasse. Lors des veilles, longues et monotones, ils se distrayaient de jeux de cartes ou de parties de dés.
Nous empruntons un couloir avant de sortir sur les remparts. On domine la haute cour du château primitif. En son cœur se trouvent les ruines de la chapelle Saint-Martin, dont l’origine remonte au IXe siècle et le donjon carré (à droite), seule partie encore debout du prieuré . Ce dernier possédait deux niveau d’habitation autrefois réservés aux moines. Les seigneurs de La Marck s’en seraient ensuite servi de logis dans la première moitié du XVe siècle.
Au passage, j’ai admiré quelques belles plantes … On ne se refait pas ! 😉
La vue des hauteurs donne un large panorama sur la ville de Sedan dominée par les collines de la Marfée, théâtre de nombreuses batailles dont la bataille de la Marfée en 1641.
On peut y voir notamment :
l’église saint-Charles, construite à la fin du XVIe siècle et qui était à l’origine un temple protestant. Il accueillit les dépouilles des La Tour d’Auvergne dès 1623. Après la révocation de l’édit de Nantes en 1685, le temps fut transformé en église.
le collège Turenne qui fut construit en 1883 en intégrant l’ancien collège des Jésuites. Sa façade est richement décorée, avec des bossages vermiculés et des sculptures dues à l’enfant du pays Gustave Deloye.
Nous redescendons d’un niveau pour pénétrer dans la galerie des Princes. En 1584, le roi de France, Henri III, reconnait officiellement à Sedan le statut de principauté. A cette époque le seigneur de Sedan est Guillaume-Robert de La Marck, descendant d’Evrard, bâtisseur du château primitif plus de cent cinquante ans plus tôt.
Les premiers seigneurs de Sedan ne séjournaient au château que de temps en temps. Mais, plus tard, ils décident de faire du château fort leur résidence principale et doivent, à cet effet, aménager de vastes appartements, plus luxueux que les anciens logis.
Le long de cette galerie se trouvent trois petites salles sur les thématiques de la puissance militaire, la monnaie et la petite Genève (ancien surnom de la principauté de Sedan).
Bon nombre d’objets d’époque, retrouvés lors de fouilles, y sont exposés …
Boulets, carreaux d’arbalète, fer de lance, chausse-trappe, taques de cheminée, pièces, vaisselle en étain, dés et jetons, céramiques, aiguilles, colliers, peignes, pipes, etc …
Nous pénétrons dans la salle Turenne pour admirer la belle tapisserie « L’entrevue du roi », le mobilier sculpté et la scène représentant la jeune princesse Charlotte de La Marck et Henri de La tour d’Auvergne signant leur contrat de mariage en 1591, sous le regard du roi Henri IV.
Ce mariage est l’un des épisodes-clés de l’histoire de la Principauté. Il annonce la fin de la dynastie des La Marck et l’avènement des La Tour d’Auvergne.
Un escalier en colimaçon nous mène à la Rotonde qui se trouve au sommet de la Grosse tour … Elle surmonte quatre niveaux comportant une citerne, où les eaux de pluie de la toiture était recueillies par des conduits, une salle basse pour la défense, une salle réservée au logis du jour, avec une belle cheminée gothique, et une autre au logis de nuit, dotée d’une cheminée plus simple.
La magnifique charpente en chêne massif date du XVe siècle et un oeil averti pourra admirer les vestiges de fresques sur les murs.
En contre-bas, on peut voir une scène familiale à la fin du XVe siècle à l’intérieur de ce qui était la petite tour ouest du château primitif.
Avant que Sedan ne devienne protestante, c’est dans la chapelle que les seigneurs pratiquaient leur culte catholique. Elle est aujourd’hui très différente de ce qu’elle était au XVIe sicle. En effet, autrefois, le plafond était entièrement peint et représentait une voûte étoilée.
Chapelle – Vestige de fresque
Nous devons achever notre visite. Un escalier conduit à la sortie, en passant une dernière fois devant d’autres scènes de vie.
C’est Frédéric-Maurice de La Tour d’Auvergne, le fils aîné d’Henri et dernier prince de Sedan qui remettra la principauté de Sedan au royaume de France, en 1642.
C’est à cette date que prend fin l’histoire de la principauté et que Sedan devient officiellement française.